L’année scolaire 2023 / 2024, un début difficile et un aboutissement certain en attendant la correction
1- Un début difficile pour les bacheliers (première et deuxième année baccalauréat)
Le 4 septembre 2023, comme toutes les années, les élèves marocains, les parents, les enseignants, les directeurs, les inspecteurs, …, bref, les partenaires de l’élève se sont réjouis du thème choisi pour la rentrée scolaire « Pour une école de qualité pour tous ». Ce thème qualitatif, très demandé par tous et orienté pour tous, se trouve disqualifié par le commencement et la poursuite des grèves des enseignants dans le secteur éducatif public laissant la marge profitable aux écoles marocaines privées dont les enseignants sont qualifiés de salariés dans le secteur éducatif.
La grève a entravé la poursuite de l’école et de l’apprentissage, la grève a mis à la marge le thème choisi pour la rentrée scolaire, la grève des enseignants a provoqué un sentiment de mécontentement voire de mépris à l’égard des enseignants, à l’égard du système éducatif, à l’égard de la tutelle, … ce qui a renforcé l’inégalité entre l’enseignement privé et public.
Face à cette grève, qui a duré trois mois, l’achèvement de l’année scolaire ne pourrait se faire à l’improviste. La proposition d’un examen national ou régional ne devrait, aucunement, éliminer cette rupture, d’où la solution d’allégement du programme scolaire avec la publication des circulaires du mois de janvier et février 2024.
Sans aucune prétention d’entrer dans le détail que les Marocains connaissent, les grèves avaient un impact réel sur le déroulement des séances d’apprentissage et ont remonté à la surface l’idée d’une quelconque marginalisation des élèves et la perturbation d’un des fondements de persistance d’une économie à savoir le service public.
2- Un milieu certain : publication du cadre référentiel adapté
La compétence « La capacité de s’adapter à toutes les situations » est le mot d’ordre de cette situation critique pour les élèves. Après trois de grève, l’autorité tutelle s’est adaptée à la situation en proposant des cadres référentiels adaptés pour les bacheliers.
Matière |
Sciences économiques |
Sciences de gestion comptable |
Économie générale et statistique |
Partie I : Les concepts économiques de base
Partie II : L’intervention de l’État Partie III : Les échanges extérieurs |
Partie I : Les concepts économiques de base
Partie II : Mesure l’activité économique Partie III : L’intervention de l’État |
Comptabilité et mathématiques financières |
Partie I : Les travaux de fin d’exercice
Partie II : L’analyse comptable
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Partie I : Les travaux de fin d’exercice
Partie II : Présentation des états de synthèse Partie III : Les opérations financières Partie IV : L’analyse comptable |
Économie et organisation administrative des entreprises |
Partie I : La stratégie et croissance
Partie II : La gestion des ressources humaines |
Partie I : L’organisation de l’approvisionnement
Partie II : L’organisation de la production Partie III : La fonction financière Partie IV : La mercatique Partie V : La stratégie et la croissance |
3- Économie générale et statistique : un aboutissement certain et assuré avec des observations plus techniques
DOSSIER 1 : MARCHÉS, CIRCUIT ÉCONOMIQUE, AGRÉGATS DE LA COMPTABILITÉ NATIONALE ET ÉCHANGES EXTÉRIEURS
Le dossier se compose de cinq documents avec une première annexe qui oriente le raisonnement du dossier. De l’étude des marchés (marché des biens et services et marché des capitaux) au traitement du commerce extérieurs marocains en passant par les agrégats. Cette disposition laisse quelques observations de fond et de forme.
Les observations de forme : Respect du principe d’homogénéité du dossier
Sur la base du fond, l’enchaînement des documents semble ignoré un des principes fondamentaux de la présentation du sujet qui est l’homogénéité du dossier. Ainsi, il est mentionné dans le cadre référentiel :
« Le sujet se présentera sous forme de parties (ou dossiers) homogènes (1,2 ou plusieurs) ;
Il est préférable que le sujet ou au moins chaque partie (ou dossier) suive une progression sur la base d’un fil conducteur qui fera l’unité́ du raisonnement et de l’argumentation (problématique, problème à résoudre, stratégie à élaborer, vérification d’hypothèses, clarification d’un débat, …) »
Source : Circulaire nº 24/089 du 19 février 2024
D’une situation réelle à une situation fictive semble peu pertinente et de la faible relance de la croissance économique à une situation défavorable des recettes des Investissements Directs Étrangers (IDE) est, probablement, peu homogène. Il serait plus opportun de suivre le raisonnement suivant qui nous semble plus homogène :
Les observations de fond : Et si les données officielles sont en inadéquation avec le sujet proposé
Document |
Observation |
Document 1 : Maroc, marché de pomme de terre |
1. Le Maroc a exporté plus de 300 000 tonnes de pommes de terre à l’Afrique de l’Ouest. 2. Il ne faut pas oublier que le Maroc importe et exporte des pommes de terre de consommation et l’interdiction des exportations vers l’Afrique n’a pas un impact certain sur le commerce extérieur marocain. 3. Dans le corrigé indicatif, il est mentionné que le Maroc est l’un des plus grands exportateurs de ce légume. Selon EastFruit, le Maroc est passé de la 21e place en 2019 à la 25e place en 2022. Cette donnée prouve la place du Maroc dans les exportations des pommes de terre. 4. La compétence des questions d’analyse est de mettre en relation les éléments. Dans cette question, la compétence est de mettre en relation l’interdiction des exportations et le commerce extérieur en mentionnant les éléments intermédiaires. |
Document 5 : Maroc, échanges extérieurs |
« Au titre de l’année 2023, les échanges commerciaux de marchandises ont baissé tant au niveau des importations qu’au niveau des exportations » Source : Document 5 de l’examen national de 2024. Filière : Sciences économiques. Page 2 Selon les données officielles de l’office de change, les exportations ont connu une légère augmentation de 0,2% en 2023 par rapport à 2022. Source : www.oc.gov.ma « S’agissant des investissements directs étrangers au Maroc, elle ont atteint 32,5 MMDH, soit une baisse de 22,3% par rapport à l’année précédente » Source : Document 5 de l’examen national de 2024. Filière : Sciences économiques. Page 2
Source : www.oc.gov.ma |
DOSSIER 2 : DYSFONCTIONNEMENTS DES MARCHÉS ET POLITIQUES ÉCONOMIQUES CONJONCTURELLES
Le dossier se compose de deux documents avec une annexe qui nous présente le fil conducteur du dossier. Des dysfonctionnements économiques (inflation et chômage) à l’intervention de la BAM, via la politique monétaire, et de l’État par la politique budgétaire. Cette disposition laisse la place à quelques observations de fond et de forme.
Les observations de forme
Le dossier répond parfaitement au principe de présentation du sujet qui est l’homogénéité. Il commence par les dysfonctionnements économiques (inflation dans l’annexe nº 7 et le chômage dans le document 6) et les politiques économiques conjoncturelles (politique monétaire et politique budgétaire) pour faire face à l’inflation et au chômage.
Le schéma ci-dessous présente le fil conducteur du dossier qui nous paraît plus pertinent et plus opportun :
L’examen a respecté les conditions de fond en proposant un dossier homogène en partant d’une situation économique qui caractérise le Maroc en 2023 au traitement des actions budgétaires pour y faire face.
Le dossier commence par des questions fermées qui ont orienté le raisonnement du dossier et l’argumentation (problématique déterminée) : En 2023, l’économie marocain se caractérise par un taux d’inflation élevé malgré son ralentissement et un taux de chômage élevé. Cette situation est le résultat de plusieurs facteurs chose qui a poussé l’État à intervenir par des actions budgétaires provoquant, ainsi, une aggravation du déficit budgétaire et la banque centrale a mené des actions de relance, pour diminuer le taux de chômage, et de stabilisation pour la stabilité des prix (achat et vente de devise)
L’annexe nº 7, qui constitue la colonne vertébrale du dossier, est suivie par l’annexe nº 8 qui porte sur le chômage (gravité du chômage avec les actions prises par l’État pour y faire face) et enfin l’annexe nº 9 qui traite les actions budgétaires prises par l’État pour réduire le taux de chômage et améliorer le pouvoir d’achat des ménages. Toutes les actions budgétaires, de relance, ont provoqué une aggravation du déficit du budget de l’État à travers l’augmentation des dépenses et la diminution des recettes.
Les observations de fond : Moins d’analyse et plus de compréhension
Les documents sont en parfaite adéquation avec la conjoncture économique (un taux de chômage qui se creuse pour s’établir à 12,98% en 2023 conjugué à un taux d’inflation élevé). Cette situation a poussé l’État à intervenir par des actions budgétaires de relance pour diminuer le taux de chômage (augmentation de l’investissement public) et stabiliser les prix (généralisation de l’exonération de la TVA sur les produits de base de large consommation et la distribution des allocations financières aux 60 000 familles impactées à raison de 2 500 DH par mois).
Document 6 : Maroc, le taux de chômage se creuse en 2023 |
Le document traite le chômage qui a connu une augmentation entre 2022 et 2023 (12,98%) ce qui a mobilisé l’État par un effort d’investissement global du secteur public, le soutien de l’entreprenariat, le renforcement de la formation professionnelle ciblée, … Il serait plus opportun de proposer l’impact éventuel de l’aggravation du chômage sur l’économie marocaine (question d’analyse) |
Document 7 : Maroc, Investissement public record prévu en 2024 |
Le document traite les actions budgétaires de relance prévues en 2024 pour faire face à l’inflation et au chômage. Ces actions, caractérisées par l’augmentation des dépenses et la diminution des recettes, pourraient provoquer une augmentation du déficit du budget général de l’État qui passerait de 113,4 MMDH en 2023 à 124,4 MMDH en 2024 et du déficit du budget de l’État qui passerait de 114,8 MMDH en 2023 à 124,8 MMDH en 2024. Pour cela, il serait plus utile, pour la méthode d’ajustement linéaire, de mettre en relation les dépenses ordinaires et le solde du budget de l’État ou le solde du budget général de l’État. Exemples :
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Comparaison entre le barème proposé et le barème officiel avec la marge de tolérance
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Barème approximatif avec la marge de tolérance | Note -Examen de 2024- | |
Barème approximatif |
La marge de tolérance |
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Compréhension |
4,5 |
(3,375 – 5,625) | 7,5 |
Application |
5,5 |
(3,625 – 6,875) |
7,5 |
Analyse |
6 |
(4,5 – 7,5) |
1,5 |
Synthèse |
3,5 | (2,625 – 4,375) |
3 |
Observation : Sur la base de la notation octroyée, nous observons que l’examen national de 2024, filière sciences économiques, est un examen de compréhension et d’application.
4- En attendant l’achèvement : du killing hope[1] au living hope
Le sous-titre proposé nous vient de la lecture d’un livre important sur l’espoir des autrices et auteurs de pacification historique : nous citons Émmanuel KANT avec son projet de paix perpétuelle, Bertha von Suttner avec son roman « Bas les armes » et d’autres. Le projet du baccalauréat un tremplin vers les études supérieures et une phase qui répond à 14 années d’études, de souffrance, de dépenses familiales, d’engagement étatique, de programmes étudiés, … bref, de la mobilisation de toute la Société.
La prise en considération d’un livre aussi tueur du relationnel n’est aucunement notre attention et intention : l’espoir est le leitmotiv d’un salarié dans le secteur éducatif ainsi que des autres salariés dans le secteur éducatif qualifiés d’enseignants.
Évoquer le baccalauréat, principalement de 2024, et les états de rupture dès le début de l’année avec les grèves des enseignants ne reste pas sans intention d’une volonté de voir le baccalauréat dans la correction des copies. Le non-respect des conditions de fond et de forme fait apparaître des tergiversations dont nos observations sont présentées dans le tableau ci-après :
[1] Nous avons emprunté cette expression du livre William BLUM, « Killing hope : US military and CIA interventions since World War II ». Édition : Zed books Ltd; 2e edition, 2014.